mardi 5 février 2008

Bof bof bof.

Ca commence par des concours blancs en décembre. Des heures de travail et presque autant de stress. Des heures assise dans une salle à écrire des choses et d'autree en y croyant dur. Ca consiste à arriver en sachant qu'on ne sait pas traduire un texte mais en étant convaincu qu'on va profiter de cet examen pour dévoiler ses vraies compétences littéraires et traductologiques à la face du monde. On le croit, ou on se le fait croire. Selon. Juste parce qu'il faut bien croire en quelque chose. 4 épreuves de 6-7h, pendant que dehors le sol est gelé et les journées courtes et froides.
Puis il a bien fallu les recevoir ces copies. Ca a commencé par le thème, par cette phrase assassine d'un professeur se voulant encourageant "that one was a good surprise" annonçant-il en me rendant mon 4,5. Par un sourire crispé en guise de réponse. Des larmes refoulées. Etaient-elles des larmes de soulagement de ne pas avoir eu zéro, des larmes d'une pression qui fait pouf et se relache, des larmes d'incompréhension refoulées tout un cours parce que j'essaye de garder pour les toilettes ce privilège de recevoir les sécrétions lacrimales de ma tristesse? Parce que je n'ai pas l'habitude qu'on me rende un 4 en me disant que c'est mieux. Parce que je sais bien qu'il n'y avait aucune ironie, encore moins de méchanceté derrière ce commentaire, rien que des encouragements, mais mon système de repères déjà bien chamboulé depuis ce début d'année en a pris un grand coup. C'était comme un aveu d'échec. La violence de mettre des mots sur la réalité, la rendant alors plus forte et plus cruelle. "Bien pour moi" c'était donc ça. C'était largement insuffisant. C'est trop loin de tout. De tout ce que je devrais savoir faire. Trop loin de ce que les autres arrivent déjà à faire.
Ca a continué par un 14,5 en linguistique. Une note bonne, une note qui me rassure pour une épreuve qui m'a fait me crisper démesurément. Simply because.... je n'avais pas le droit d'échouer en linguistique. Parce qu'il n'y a que là que je sais que je peux. Une confiance qui génère paradoxalement des craintes. Mais produisant un sourir large comme j'en avais rarement fait depuis ce début d'année. Une note à 2 chiffres. La meilleure note de surcroit, pour moi. Je suis tellement contente.
Mais parce que les bonnes choses ont une fin-il parait, je recevai un 3 en version ce même jour, reprenant immédiatement ma place de dernière, que mes petits camarades avaient pris soin de me concerver bien au chaud. C'est-y pas mignon. J'ai honte de recevoir ces copies, honte de voire les "contre sens" s'accumuler dans la marge dans une rouge vif qui rend plus fort ma culpabilité de ne pas comprendre, plus visibles mes complexes littéraire, plus violente la réalité que je parle mal français, et les carences de mon vocabulaire. 3... dans ma propre langue. Je me glace devant la copie, j'ose à peine regarder la réalité de mes erreurs. Elles sont trop nombreuses, trop emplies d'une bêtise qui me semble incorrigible, de maladresses que je laisse mon stylo écrire alors que mon esprit sait que la plume prend la mauvaise direction. Je n'ose pas lever les yeux, croiser le regard de mon correcteur. Tout ça pour quoi? tout ça pour lire dans son regard son désolement, tout ça pour qu'il lise dans le mien ma souffrance et mes questions que je n'arrive pas à exprimer. Alors je me réfugie aux toilettes pour mieux pleurer et ainsi faire sortir ce que les mots ne veulent pas dire.
J'ai aussi eu 2 en littérature. Je ne savais même pas que c'était possible. 2. Sur ce livre que je suis visiblement la seule à avoir aimé. Les commentaires sur ma copies m'expliquent que mon anglais est bien trop faible pour prétendre au concours, barrent des arguements m'indiquant qu'ils sont "absurdes" (non, ça ne fait pas mal du tout de lire ça). J'ai cru que ce rendu de copie ne se terminerait jamais. Je voyais ma copie occuper sa place habituelle du fond de paquet, me laissant deviner que j'étais l'heureuse vainqueur de la plus mauvaise note. Et je n'avais plus qu'à l'attendre. Les commentaires qu'elles adresse aux autres résonnent dans ma tête, très lointains. Je pense à ce nouvel échec. J'avais cru jusqu'ici avoir des difficultés en traduction.
Je peux maintenmant dire que je ne sais pas non plus faire un commentaire littéraire.
Mon coeur s'entortille en se serre bien fort dans ruban noué bien fort de mauvaises notes qui me fait souffrir. Je le sens tout ratatiné et moi avec. Je voudrais .... je ne sais même pas ce que je voudrais.
Que cette année se termine pour qu'on n'en parle plus ou qu'elle s'allonge pour que je puisse tout faire, tout apprendre?
Je voudrais arrêter de pleurer mais je n'y arrive pas.
Je voudrais juste sentir l'espoir se lire sur mes copies.
Sentir qu'un jour je finirais mes études et que tout cela sera derrière moi.
Je voudrais réussir à être forte mais je n'y arrive pas.

A part ça il me reste une copie de concours blanc à recevoir.
A part ça, puisqu'il parait qu'on progresse, mes dernières notes de version sont 3, 1 et un trophée datant d'aujourd'hui que le professeur, genê, n'a même pas osé noter, rendant encore plus visible ce zéro non marqué.
Je remets un petit coup de larmes pour fêter tout ça. Parce ça je sais faire; à défaut de mieux.

5 commentaires:

Ziboux a dit…

Ralala, je connais. Dis-toi qu'au moins, tu as fait ces devoirs, que tu as bossé pour et que ce qui est acquis n'est jamais perdu. Toujours est-il que toi, tu as eu le courage de faire tous les devoirs. Moi je n'en ai rédigé qu'un, même pas noté non plus pour pas me décourager tellement il était vide de tout ce que l'on attend d'un candidat admissible.
Dis-toi aussi que tu es à l'ENS, que ce n'est pas rien. Le concours à lui tout seul pour entrer dans cette école est équivalent au capes. Alors si les notes te paraissent dures, peut-être qu'elles le seront moins le jour J. Dans ton école, ils préparent l'élite, alors ils mettent la barre très haut. Ca ne veut pas dire que tu es nulle, bien au contraire, tu es déjà meilleure que la moyenne. Et puis les concours de l'enseignement, ce n'est pas si facile a avoir qu'on veut bien le prétendre.
Alors courage, souris ^^

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

Ziboux a tout à fait raison et ça tient en trois lettres : ENS! C'est l'élite et tu en fais donc partie! A quelque part tu aurais préparé l'agreg seule tu aurais peut etre des 10 ou des 11 et tu t'en contenterais te disant que c'est l'agreg quand meme! Là, les notes sont dures, elles te bousculent, bousculent ton systeme de reflexion mais ce qu'elles ne devraient pas faire c'est te décourager mais plutot te donner une rage de pas possible qui dit "mais je les emmerde tous mon anglais n'est pas trop faible et je vais le leur prouver!!!" la niak quoi! Et comme dit encore Ziboux, tu verras que le concours va certainement être pour toi une partie de plaisir!!
Et puis surtout, même si je suis pas une experte rappelle toi de plusieurs choses :
1) tu as deja enseigné l'anglais donc tu es déjà professeur
2)tu pars tous les ans en angleterre depuis des années voire des siecles donc ça m'etonnerait que tu ne saches pas parler anglais correctement et t'en servir, avec un bon accent et tout et tout et tout!
3) tu es une fille courageuse, travailleuse, extremement intelligente que toutes tes copines de fac ont admirés!
Bref, tu es fille super et pleine d'ambition alors je te donne toutes mes pensées positives, toute mon affection pour toi pour que tu t'accroches :)
Moi je crois en toi, je sais que tu feras le métier qui te tiens tant à coeur!
Et pour la petite histoire, mon frere etait tres bon au lycée, tres souvent premier de classe, mention TB au bac, etc etc, et a été dans une des meilleures prepas parisienns (la deuxieme pour etre exact) et bien arrivé là je peux te dire que ses notes ont grandement diminués, qu'il etait le dernier en anglais et qu'autour de lui il avait des extraterrestres premiers de la classe dont unqui passait Sciences-Po en meme temps que la prepa et qui etait arrivé premier
à un concours national de géo. Bref, il se sentait nul et apres avoir passé tout ses écrits et oraux était persuadé d'avoir lamentablement tout foiré, notamment Polytechnique. Et où est il maintenant? Je pense que tu le sais.. :)

Anonyme a dit…

Courage Eve ,

c'est sûr que c'est pas fcile l'agreg mais , la niak tu l'a il faut continuer tu l'aura, si si si !!! *

Plein de courage et plein e bisous

Chouk

Anonyme a dit…

Zut, je venais prendre des nouvelles et je lis cette note bien tristounette
J'espère que ça va un peu mieux, que tu as réussi à digérer un peu
Tu es super forte même si tu ne t'en rends pas compte, et super douée aussi, ta place à Cachan le prouve !
Je t'embrasse fort

Yibus a dit…

hello, je découvre ton blog, ta note, ta tristesse. Je ne te connais pas mais pour avoir fait quelques petites études après le bac (dont une prépa littéraire), je peux te dire que j'admire énormément ceux qui ont fait Normale. Perso, j'ai préféré rejoindre Science-Po deux mois après le début de la khâgne parce que je ne me sentais pas le courage de potasser pendant un an en khâgne pour ce concours qui me paraissait une véritable tuerie... Alors courage, courage...