jeudi 30 août 2007

Le pour et le contre

L'avantange de partir en vacances, c'est qu'on se déconnecte de la réalité.
L'inconvénient de partir en vacances, c'est qu'on se déconnecte de la réalité.
L'avantage de partir en vacances, c'est qu'on en découvre une autre.
L'inconvénient de partir en vacances, c'est qu'on perd pied sur ce qu'il se passe dans le monde.
L'avantage d'être en vacances, c'est qu'on se dit que peut être il se passe des choses terribles et que les bombes se font plus fortes, mais qu'on le sait même pas parce que nous on a les doigts de bien en éventail au bord de la piscine, et que pour une fois, on en a le droit!
L'inconvénient de partir en vacances, c'est que ça fout un peu les boules de se dire ça quand même.
L'avantage de revenir de vacances, c'est qu'on se rend compte que l'actualité politique estivale a été dominée par les bourrelets de notre président que Paris Match aurait gommé, et que Closer a pris en photo la nouvelle compagne de François Hollande.



Putain c'était bien les vacances!

mercredi 29 août 2007

Anecdote parisienne pour amies exilées

Paris.
Gare Saint-Lazare
Grande bulle de verre.
En haut des escaliers.
Gentiment affalée sur la rembarde, je profite des rayons du soleil si rares et de la lumière dorée. Je regarde les passants qui passent, et qui parfois repassent. J'observe et contemple. Je vois des gens pressés, un homme avec un bouquet de fleur qui ravira quelqu'un que je ne connais pas, des ados un peu boulottes mais resplendissante de sourire et de gaieté devant leur crêpe qui dégouline de mille sucres. Je vois un homme sérieux et très sombre, qui lit un journal tout aussi sérieux, l'air concentré mais dont le rythme saccagé de la jambe droite trahi la programmation musicale très rock'n roll de son ipod fou.
Un homme.
Plutôt jeune.
Assez petit.
L'air sérieux lui aussi.
Il s'approche de moi.
Oui oui, j'ai bien deux minutes pour répondre à votre sondage Soffres si vous voulez, au contraire, c'est avec plaisir que je verrais ma voix prise en compte dans des statistiques fondamentales pour l'avenir de la France ou de notre planète (pensai-je). Ses cheveux mal coiffés et sa besace en velour côtelé recousue de partout traduisent un certains manque de professionalisme mais il a l'air convaincant dans son accroche sur la Soffres. Il a le ton ferme et pédagogue.
Moi.
Eve.
Pas grand chose à faire que regarder les gens passer en attendant des copines.
Je suis convaincue.
Oui, donc? c'est à propos de?
Donc, première question.
Je vous écoute
Etes vous favorables à la réinsertion des ours en milieu urbain, propose-t-il avec un ton toujours aussi sérieux que seul le contenu informationnel de la question semble ébranler quelque peu.
Je suis gentille et naive et me refuse à lui rire au nez, après tout il s'applique.
Mais il me trouve lente à formuler une réponse et persévère.
Oui, pensez vous que les pandas doivent être réintroduits dans la ville de Paris?
Moi, toujours aussi sérieuse.
Moins convaincue.
Mais plus naive.
Et un peu hésitante.
Euh mais... on m'aura peut être mal informé (j'utilise ma synatxe des grands jours), mais à ma connaissance, un panda n'est pas un ours.
Dans le doute, je refuse de me prononcer.

Deuxième question donc.
Oui, il s'agit d'une question portant sur les discriminations. Une étude pour le ministère (instinctivement, mon regard se reconcentre sur son air débraillé et je ris intérieurement).
Pour le ministère donc?
Oui oui oui.
Très bien je vous écoute.
Comment réagissez vous à la vue de pinguins asthmatiques?
C'en est trop.
J'extériorise mon rire laissant s'échapper ainsi toute ma naiveté et la raison raisonnable reprend le dessus.
Je ne savais pas que les animaux à branchies pouvaient être atteinds d'asthme, dis-je d'un ton désolé, ne trouvant que cette réplique désolante d'absurdité alors que je me croyais assez forte pour faire quelque mot d'esprit un peu percutant.
Je suis mauvaise.
Très mauvaise.
Mais finalement c'est lui qui s'y perd.
Il dégaine ses brochures qu'il veut me vendre et confesse. Oui, les pandas en milieu urbains, c'est une technique d'approche.
Je me contente de lui dire que je la trouve vraiment et sincèrement de grande qualité.
Il a du sentir l'ironie de mon regard.
Et à quitter les lieux, rangeant, l'air résigné, son magazine dont je n'aurais même pas eu le loisir de découvrir le contenu surement formidable.

Au fait, les pingouins, ça a des branchies ou pas?

samedi 25 août 2007

Salaud, j'aurai ta peau!

Je dors. M'enfin j'essaye. Cet espèce d'être minuscule et informe, doté de plus de pattes que la raison ne permet de l'imaginer, s'évertue à tourner autour de moi dans un bruit désagréable.
Comment une chose aussi petite que ça peut faire un tel merdier? je vous le demande. Je le sens aller et venir et décide de dégainer mon subterfuge super subtile pour me débarasser de la créture saugrenue: allumer dans le couloir et laisser la porte ouverte (des années de lecture assidue du Manuel des Castors Juniors pour en arriver à tant d'initiative pratique!).
Je me recouchai donc, persuadée que si même un tout petit être de la sorte est doté d'un tout petit cerveau, ce cerveau devrait être suffisament puissant pour commander aux ailes venez la mes poulettes, on va aller dans le couloir, y'a de la lumière c'est quand même plus cool, on verra ce qu'on fait (et on pourra bouquinner un peu).
Que nenni, la chose continuait à virevolter bruyament du canal auditif gauche au canal auditif droit. Et ailleurs.
Et je sentis ses pattes longues, grassiles mais velues venir me chatouiller les oreilles, avant de me retourner souvagement pour effrayer la bête, et la regarder droit dans les yeux en lui délivrant ce message: écoute moi bien ma vieille, tu fais ce que tu veux de ta vie, mais essye même pas de me rentrer dans l'oreille ou je t'explose!. Non parce que si y'a bien un truc que me fait flipper, c'est qu'un moustique un peu tête en l'air rentre dans une oreille et trouve pas la sortie. C'est arrivé à une copine à moi. Elle a fini aux urgence. Depuis qu'elle m'a raconté ça, je suis traumatisée des oreilles et des moustiques.

Mais le combat ne donna pas suite pour deux raisons:
- ce moustique, bien que couillon, était doté d'une certaine vivacité qui m'empêchait de mettre fin à ses jours d'un grand coup d'oreiller.
- et mine de rien j'étais fatiguée et je sombrai.

Pour peu, car je je me réveillai à peine une heure plus tard, en train de me gratter compulsivement la cheville gauche, le doigt (vous avez déjà vu un moustique assez con pour aller piquer une fallange d'index? y'a rien à bouffer là, si?). Bref ce crétin avait commencé à me dévorer tant que faire se peut et snobait (ça se voyait dans son regard hautain) mon stratagème pourtant bien pensé de le lumière dans le couloir!
J'attaquai donc le deuxième stratagème: enfiler ma combinaison recouvrante, façon inuit se protégeant du froid polaire et des rayons lumineux sévères réfléchis par la banquise, revêtir ma capuche bien fermée pour ne laisser apparaitre que les narines nécessaires à la respiration, ouvrir la fenêtre en grand parce que c'est bien mignon de se battre avec un moustique et d'être habillé comme un été 07 à Paris mais il commence à faire chaud quand on rajoute à tout ça l'épaisseur d'une couette! Je me faufilai sous mon duvet que je pris soin de border minutieusement, tout ça pour ne laisser à mon adversaire aucun interstice ou se faufiler(première parade, si celle ci échouait, il restait toujours l'option pyjama couvrant intégral).
Je retapai mon oreiller en essaynt du mieux que je pouvais de ne pas foutre en l'air toute mon organisation et recommençais à m'endormir. Bercée par ce même zzzz, mais me jureant que ce coup ci, aussi futée soit-elle, la bête ne s'approcherait pas de moindre bout de peau et que je pourrais dormir -enfin- tranquillement. Pour tout vous dire, j'ai deux terreurs animalières: la première, mentionnée ci dessus, c'est le moustique dans l'oreille. La deuxième, c'est le pigeon saccageur. Je ne dors jamais la fenêtre ouverte par peur qu'un pigean aussi couillon que mon moustique rentre par erreur dans al chambre, ne trouve pas la sortei, s'excite, et vole partout en cassant tout. Imaginez donc comme ce oustique devait être hostile pour que je me raisonne et accepte de dormir la fenêtre ouverte.
Je recommençais donc ma nuit en ma gratouillant les boutons déjà présent, avec le maximum de souplesse que mon nouvel état me le permettait.
Même scenario à 4h du matin, le même zzz bourdonnait toujours. Mais y'a quoi dans le cerveau de ces moustiquos de mes deux? un demi neurone? y'avait la fenêtre ouverte en grand d'un côté de la pièce, la lumière de l'autre, et ce couillon a du passer une heure à trouver LA faille de mon sytème de couverture pour aller piquer à travers le pyjama. Et la seule partie encore accessible de ma petite peau fragile!
Entre temps; les premier boutons avaient soigneusement pris soin de grossir sous l'effet du grattage compulsif et incontrôllable auquel je me livrai et, certains prenaient une jolie couleur allergique qui m'énerva et me fis dire que enfin merde, j'allais pas me laisser avoir par ce truc de même pas un centimètre d'envergure!


Regardez comme il a l'air hargneux, ce grand bête!


Verdict:
- allez savoit pourquoi, mais sur le coup de 6h, monsieur s'est lasser, et j'ai plutôt bien dormi.
- je suis recouverte à un point que vous imaginez même pas de boutons blanc et durs que cette charmante bestiole m'a gentiment déposé partout sur les jambes, le visages, les doigts, le ventre...
-mais ça ne gratte plus!
- mais je vais peut être me laisser tenter par la sieste!


EDIT: non seulement ça gratte, mais ça gratte toujours!

vendredi 24 août 2007

Des courses à marquer d'une pierre blanche!


Eh oui car l'expression est belle et douce à mon oreille et que c'est bien vrai.
Je fis donc innocement les courses et là je décidai, guidée par une pulsion des plus inattendue mais chargée de sens pratique, d'investir dans un instrument formidable (et à bas coût): j'ai nommé le bien nommé (ah ah j'aime bien la redondance un peu fastoche): l'ouvre-boite!
Finies donc les soirées à appeler les copines des copines au dernier moment pour qu'elles en apportent un sinon ben on regardera les conserves et commentant le parfait cylindre de la petite boite en métal brillante*; finies les décisions de frapper chez le voisin (très cinégénique le frappage chez le voisin -mâle- pour emprunter une ustensile ménager), finis les exploits dangereux armés d'un petits couteau pointu et d'un marteau et les "mais si on va y'arriver j'te dis".
Fini donc, j'ai un ouvre boite**!




Il me reste plus qu'à apprendre à m'en servir!



* et n'allez pas croire que je fais manger des conserves à tous mes invités, c'est réservé à des invités de taille!
** en promo à Casino Paris 16° en ce moment, si toutefois il y avait des intéressés non équipés parmi mes lecteurs!

jeudi 23 août 2007

Pourquoi...

Pourquoi il ne pleut pas de la journée, malgré la grisaille, et qu'au moment même où je décide que l'acalmie météorologique est suffisante pour affronter les éléments extérieurs, que j'enfourche mon vélib', les premières gouttes fraiches se font sentir alors que je règle seulement la hauteur de la selle?

Pourquoi est- ce que je décide alors de remonter chercher mon imper et qu'un inattentif utilisateur de mon ascenseur a mal refermé la porte, là haut, tout là haut, et que donc, sécurité oblige, l'ascenseur reste bloqué?
Pourquoi est-ce que, une fois arrivé au ciné, il n'y a plus de place au parking à vélo?
Pourquoi est-ce nécessairement ce couple de viocs que j'ai avisé du regard au moment où ils ont ouvert la porte de la salle de ciné, qui a décidé de venir s'assoir à côté de moi, là tout près alors qu'il y a de la place partout ailleurs?
Pourquoi est-ce que le vieux a passé le premier tiers du film a gonflé dans un sifflement son coussin-caleur-pour-nuque-fragile, le deuxième tiers à l'installer correctement, et le troisième tiers à demandé "il dit quoi? maman, mais qu'estce qu'il fait donc..." vu, que, oui, il n'avait mathématiquement rien suivi aux deux premières parties?
Pourquoi est -ce que je le regarde d'un air affecteux, même pas exaspérée, en me disant que après tout c'est l'âge?
Pourquoi est-ce que je ressors du cinéma et qu'il pleut toujours?



Finalement, on est bien sous sa couette à lire des livres avec un thé bien chaud!


mardi 21 août 2007

Rassurons-nous.

C'est déjà fini! Et le bruit des gouttes résonne déjà sur le toit.

Insolite


Ce matin, j'ai regardé le ciel et sa partie bleue était plus large que sa partie grisâtre.

Ce midi, je suis sortie (sans pull, sans manteau, si si!!) et j'ai senti la chaleur du soleil dans mon cou.
On dirait les premiers rayons du début du printemps.




C'est juste dommage qu'on soit fin aout!

mercredi 15 août 2007

Mon esprit de compétition aura raison de moi!

Ca a commencé autour d'une bière à déconner juste comme ça. Et j'ai innocément demandé aux un et aux autres ce qu'ils comptaient bien proposer comme performance pour le talent show. Lequel show s'adresse en priorité aux élèves, mais pourquoi pas prévoir des petits interludes par le staff, pensais-je. Je commençais à répendre insidieusement la rumeur selon laquelle tout les membres du staff devaient participer. Certains m'ont gentiment cru. D'autres se sont pris au jeu. Et Tracey m'a juré craché promis pour la vie que si je chantais je faisais tripler les points de ma maison*. Ce dont je m'empressai de prendre note, prête à vaincre ma peur de chanter et ma mauvaise réputation en la matière pour grignoter quelques places.
Je passais les quelques semaines qui séparaient cette soirée dudit Talent show à chantonner, à farfouiller, à repérer, à faire des gammes et des vocalises, bref, à préparer ma voix et à choisir une chanson.
Quelques jours avant, je sentis l'heure venue de prendre une décision, et je proposai alors aux autres staff de ma maison de s'allier à mon projet afin de proposer une performance de groupe.(la lâcheté commençait à poindre) Idée vite rejetée. C'était la night off** de David, de Claire, et ceux-ci n'étaient pas prêts à faire aussi simplement que cela une croix sur leur soirée sans travail. Et qui dit sans travail dit sans contact avec les élèves. Donc sans spectacle.
Donc exit mon idée.
Je les travaillai au corps pendant deux jours les assurant de mon intime conviction que nous allions bien rire. Mais que c'était pas non plus pour le simple plaisir de la déconnade mais pour gagner des points et que s'ils avaient un tant soit peu d'intérêt pour leur maison, ils ne pouvaient pas rejeter l'idée! Je réussis sans trop de difficulté à convaincre Helen. Claire céda enfin à mes caprices et proposa sans vergogne un remix des spice girls. Dès lors, je nommais notre Jenna à nous chorégraphe, sans même lui avoir demandé son avis. Elle devait accepter. Peu à peu l'équipe pris forme, et nous nous trouvâmes même avec un membre de trop. Ni une ni deux, Helen, qui n'est jamais à cours d'imagination pour ce genre de chose déclara que David serait SuperSpice et lui imprima un costume hors norme. Lui fit même dont provisoirement de son bas de maillot de bain rouge vif.
Nous étions prêts!
Et tout le monde pris finalement très au sérieux cela: Helen en Baby, Natalie en Mel B, Jenna en Ginger, Claire en Sporty, David en SuperSpice, en moi en Posh (moi!!!???). Le lissage des cheuveux, le maquilage et l'enfilage de collants strassés pris autant de temps que la répétition du spectacle en lui même!

A 7h30, j'étais partagée entre la fierté d'avoir réuni toute ma best off team de Shakespeare (ma maison) pour ce grand moment artistique, la rage de mutliplier nos points par trois (Tracey, juge en ce soir, l'avait confirmé), et le sentiment de ridicule qui, bien qu'assumé, se faisait de plus en plus fort.
La musique commença et nous nous élançâmes sur scène alternativement, sous les cris des élèves trop excités et trop fiers de leur professeurs qui montraient là leur face cachée.
A la fin de la soirée, le jury se prononça enfin pour discerner des prix. Notre interprétation fut vaguement mentionnée en début de cérémonie "rubbish spice dance", déclara Emma, qui jugeait au côté de Tracey, avec l'air sévère des grandes compétitions où on n'est pas là pour déconner!
Et le triple des points nous fut refusé!



J'ai qu'une chose à dire: c'est vraiment dégueulasse!!!



Heurseument, ma cousine tranquillement assise dans un coin de la salle rectifia la vérité: C'était trop bien, t'étais géniale, je suis trop fière de toi. Vous pouvez pas le refaire?La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on. Enfin, notre performance était estimée à sa juste valeur!

* on est séparé (profs et élèves) en 4 maisons pour faire des compétitions. Comme dans Harry Potter. C'est très british!
** soiréé précédent le day off hebdomadaire et qui est considéré comme non travaillé.



mardi 14 août 2007

Masque de Mickey

Des fois, je me dis que j'aimerais mettre discrètement un masque de Mickey. Ainsi, je passerais incognito. Je pourrais aller de la salle des profs aux toilettes (distance approx 25 m) sans que Oranisa me demande si je peux lui monter comment marche la carte de téléphone parce qu'elle, elle n'y arrive décidement pas. Sans qu'un prof m'apporte une française pleureuse en me demandant de gérer parce que vraiment, eux, ils sont en cours alors ils peuvent pas.
J'aimerais passer de l'office à la cantine sans qu'on me demande trois fois sur mon chemin si la pisicne est ouverte alors que d'une j'en sais foutrement rien, et de deux, le programme des activités est écrit dans le hall.
Sans que des parents arrivent pour visiter l'école au moment même où je me dirige vers mon dessert.

J'aimerai ne pas être celle qui doit répondre à toutes les questions (tu n'as pas vu mon éléphant en peluche rose? j'ai perdu mon portable? est ce que je peux faire du tennis? et pourquoi on m'a changé de classe? et comment je fais si je veux faire cookery et que y'en a pas? et tu sais pas ou est Andrea?)...
J'aimerais traverser cette école incognito et passer d'un point A à un point B en un temps record. Sans passer par la case photocopieuse. Sans passer téléphoner à l'infirmière parce que Maria s'est tordu la cheville.
J'aimerais juste qu'on m'oublie un peu.

Et puis non.

Je détesterais ça.
Ce serait cruel.
Que les filles oublient que je suis là pour les aider. Que Mayu ne vienne plus me voir quand sa maman lui manque et que je ne puisse plus sécher ses larmes. Que Jael ne vienne plus me voir précipitement pour poser des questions bêtes mais attendrissantes.
Alors je serais réduite à photocopier, envoyer des fax et taper des rapports et à me battre avec mon capricieux d'ordinateur.
Et alors j'aimerais bien moins mon travail.

En même temps ce serait moins fatigant :)

Qui craint le grand méchant loup?

C'est bête et simple. Je colle une affiche. Inscrivez vous pour aller voir les courses de chevaux à ascot. Réservé aux filles de plus de 15 ans.
Décision complètement arbitraire prise par la directrice qui veut aisni offrir quelque chose de "plus" aux plus agées de nos élèves.
Une autre sortie à prévoir. C'est mon travail. Et je m'y colle. J'affiche des photos des années précédentes, de ces demoiselles adolescentes en jolies robes, et vestes élégantes se prenant pour Eliza Doolittle. J'affiche une liste proposant aux plus vielles d'écrire leur nom si elles souhaitent y participer. Nous sommes samedi matin. La sortie aura lieu demain dimanche. Il est dix heure trente et les étudiantes sont encore en classe. Pour peu de temps. J'affiche donc calmement, mais empressément, avant que l'heure de la pause ne sonne le laché des folles courant vers les listes d'activités et que je ne sois assaillie sous ce troupeur d'ado surexcitées munies de stylos bille pointus. Il est écrit en grosse lettres bien rouge "15 and over only"; le message est clair et simple.
Je repasse là devant quelque minutes plus tard. A l'heure de la pause. A l'heure du thé et des biscuits aux smarties dans la salle des profs. Et me rends compte que les trente place offertes pour cette activités ont toute trouvé preneur. Je m'approche de plus prêt et confisque son crayon à une innoncente passant par là pour barrer d'un trait vif et sûr le nom de toutes les tricheuses n'ayant pas attenint l'âge recquis. Maria, Andrea, Lena... elle le savent! C'est la règle! et elles parlent suffisement anglais pour comprendre cela. Des élèves plus jeunes m'observent déverser toute mon agressivité sur ce panneau qui ne m'a rien fait , et m'empresser de rétablir la vérité et d'entourer de rouge les filles de 15 ans qui peuvent vraiment participer. J'ai l'air méchante et cruelle. Et cette petite hollandaise m'adresse un regard de peine et de déception semblant me dire que vraiment je suis super méchante en fait alors qu'elle me croyait naivement gentille. Je souris pour préerver ce qui peut encore l'être de mon image de Sainte-gentille. Mais je sens dans leurs regards emplis de pitié que Saint-Gentille n'est plus ce qu'elle était.
Je rejoins la salle des prof où la réunion quotidienne se déroule et déboule remontée et prête à écorcher vif la prochaine maline qui jouera à défier mes ordres. Je demande poliment, ravalant mon énervement, aux professeurs de bien vouloir rappeler à leur charmantes tête blondes qu'il est inutile de s'incrire aux activités des 15 ans et plus lorsqu'on a que 12 ans. Ils sourient et acquièscent, semblant percevoir mon message comme empli d'une évidence un peu redondante.

A midi, et avant de partir pour une journée d'aéroport, je propose une autre affiche, changeant radicalement de stratégie! Le nom des filles concernées est prénscrit et je leur demande de cocher la case de leur choix: yes, I want to go/ No, I don't want to go... minimisant les connaissances d'anglais recquises pour comprendre la consigne.
Je propose trente places pour la simple et bonne raison qu'il y a quinze places dans le minibus (qui fera deux aller-retours). Raisonnement purement matériel.

J'ajoute dans un petit coin de l'affiche et dans une grand coup de naiveté "if you are 14 and under, come and see me TONIGHT, I will tell you if you can go", pensant évident que la réponse serait fonction du nombre de grandes ayant pris les places, de ma bonne volonté à faire plaisir, et de l'amabilité dont elle sauraient fraire preuve au moment venu et d'autres critères à déterminer selon mes envies toutes puissantes!
Je rentrai de l'aéroport à 7h, fatiguée mais pas trop. Mais surtout en ayant faim. Je n'eus pas le temps de sortir de la voiture que Sabela m'abordait avec son soourire des grands jours "you said we can..."
Taratata je sais ce que j'ai dit! Je mange, et on en reparle.
Je repoussai ainsi pas mois de 4 élèves qui avaient dû faire le gai tout l'après midi pour être sûre d'être la première à me demander l'aumône d'une place dans le minibus et d'une sortie chez à Ascot.
Je mangeai et traversai aussi discrètement que possible tout ce grand hall rempli de plein de gens qui voulaient me parler (pourquoi moi?) (c'est là que le masque de mickey revêt toute son utilité) pour aller voir l'état de ma liste avant de me prononcer d'aucune façon que ça soit.
Je décidai très vite de répondre un non catégorique. J'avais deux places à offrir: à qui les donner? comment choisir? comment ne pas être injuste? choisir les élèves que j'aime bien moi ne me semblait pas très moral! choisir celles qui viennent depuis plusieurs années? il y en avait plus que deux! comment en éliminer certianes et retenir deux autres?
Je consultai la directrice pour lui soumettre ma décision qu'elle acceptait sans retenu. Ce devrait ainsi être plus simple pour tout le monde.
9.30 sonnait la fin du spectacle dans le hall et le début d'un long défilé de filles avides de connaitre mon ultime décision:
- No
- but you said we have to see you tonight if we are 14
- yes, but all the orlder girls have taken the places. There is no room in the bus for you to go.
- but last year I was 13 and I could go
- yes but last year none of the older girls wanted to go so I could let you go. This year they all want to go so I can't let you go.
Sourir de plus en plus cripsé en voix de plus en plus ferme. Je n'aime pas avoir à m'expliquer sur les décisions que je prends. Surtout quand j'ai raison :)
- yes but if I don't go my friend don't go too.
- oh if her friend don't go then I can go?

AHHHHHH

Non. Ma décision était prise et je ne laisserai personne se greffer à cette sortie.
J'imprimai la liste définitive des participantes et parti me coucher, diparaissant sous ma couette et m'éloigant de ces caprices de petites filles gatées, qui n'étaient pas prêtes à comprendre que si le bus a 15 places, il en a 15 et pas 16 et que, comme mes pouvoirs- aussi formiables soientil- sont limités, je ne peux pas par un coup de baguette magique augmenter la capacité de bus, elles resteront là et puis c'est marre!
Ajoutons tout de même que "rester là" signifiait faire du sport, aller à la psicne, faire un picnic dans le parc... rien de très cruel me semlait il.


Le lendemain, mon petit déjeuner fut marquer par des tentaives diverses de me faire changer d'avis. Je pense tout simplement que Andrea, Fernanda, Marta voulaient vérifier que je n'étais pas aller louer un bus plus grand pour leur confort et celui de leur toutes aussi capricieuses camarades pendant la nuit. Mais en fait non. Et je réitérai mon non irréversible avec un fermeté sans faille, prenant sur moi de dire que de toutes façons ce n'était pas ma décision, mais celle de la directrice, ce qui n'avait rien d'une mensonge vu que nous avions décidé cela à deux. Et que la décision d'une directrice vaut toujours mieux que celle d'une modeste ancienne élève.
Mais la matinée fut agitée et agressive. Que vraiment j'étais pas cool. Que ça se faisait pas. Que l'année dernière ceci. Que c'était injuste.
Et le départ du minibus fut marqué par la première manifestation d'élèves à Heathfield.

Quelques protestataires étaient couchées par terre, cherchant ainsi -au choix- à se faire écraser à mon plus grand soulagement, ou à empêhcer le bus de quitter les lieux sans elles! Scandant des slogans somme toutes fort peu persuasifs!
What do we want?
Ascot!
When do we want it?
Now!
Et je fermai les fenêtres de mon bureau pour ne pas entendre ce qui malgré moi m'agressait et pour les laissez se remmettre de toute l'injustice du monde qu'elle subissaient ainsi par ma faute. Lorsque David, Director adjoint revint de son week end, il alla discuter avec les révolutionnaires pour essayer de leur faire comprendre qu'elles avaient pousser le bouchon un peu loin.

Une semaine plus tard, certaines élèves partaient. Le questionnaire qu'elles doivent remplir propose plusieurs champs what do you think about the classes, which trip did you enjoy the most...
A la question what's your worst moment at Heathfield? plusieurs des élèves ont répondu "Eve". Réponse allant de la simple mention de mon prénom à une phrase donnant quelques explications savoureuses. Au choix: she is way too rude and unfair to the returners! /We love the nurse and matron, the activities are great and our teacher was really funny. We really dislike the office staff because eve did not let us go to the races.

J'avais déjà oublié cet incident. Elles pas. Et elles m'en voulaient.
Et je le pris à coeur et me sentai blessée et vexée. Ces filles auprès de qui j'ai passé des longues nuits lorsqu'elles étaient petites et homesick. Ces filles qui sont venues me chercher tant de fois lorsqu'elles avaient un soucis. Ces filles à qui j'ai écrit des lettres. Ces filles qui se sont toujours tourné vers moi quand elles avaient besoin. Ces filles quittaient Heathfield sur cette note qui m'agressait personnellement et profondément.

Ce n'était que des petites gamines provovatrices et je n'aurais pas du y être sensible. Mais, si elles n'étaient pas rester insensibles à ma prétendue injustice, je ne restais pas insensible à l'injustice de leur point de vue. Je repensais à tout ce cirque et à tout ce temps qui s'était écoulé depuis les courses. Et à la viguer de leur énervement. A mon envie de rire et maintenant à mon enive d'en pleurer.
C'est tellement naif d'avoir été blessée ainsi par ces quelques mots d'adolescentes alors que je me savais dans mon bon droit. Alors que je me savais soutenue par mes collègues.


Mais c'est dur l'apprentissage de l'autorité et les incovénients qui vont avec. C'est dur d'apprendre à dire Non. C'est dur d'être le grand méchant loup. Même quand il a raison, le loup!

La pluie fait des claquettes!

Vendredi est un jour à marquer dans les annales ! Vendredi était un jour pluvieux comme tous les jours depuis que je suis là. Mais encore un peu plus pluvieux. Un de ces jours où il fait nuit en plein jour, froid, et ou la pluie incessante nous enferme à derrière des carreaux embués.
La pluie rythmait mes recherches et mes photocopies, et je pensais comme pour ne pas désespérer que après tout, au moins, quand il pleut, on ne regrette pas de travailler dans un bureau.
En début d’après midi, ma sortie au cinéma du soir était prête. Il ne me restait qu’à confirmer la réservation des bus. Mais un répondeur automatique hostile me fit comprendre que le numéro n’était pas accessible pour une durée indéterminée, s’excusant fort aimablement des éventuels désagréments causés. Puisque je ne pouvais pas confirmer mes bus, je décidais de m’attaquer à une autre de mes missions de l’après midi : réserver la ballade en bateau sur la Tamise pour la sortie de lundi. Je téléphonais, munie des horaires requis, et du nombre de participants. Tiens, là, ça sonnait. Malheureusement, le responsable m’expliqua qu’en raison du mauvais temps (non ? vraiment ?), la Tamise était désormais trop haute et que les bateaux ne passaient plus sous les ponts, et que par conséquence inévitable, ils étaient obligés d’annuler tous leurs services.
Bon.
Ce n’est que mon second échec pensais-je.
Et je m’attaquai à ma troisième mission avant de prendre un quelconque décision pour remplacer cette sortie en bateau.
J’appelais donc Model Village, le lieu de la sortie de ce même lundi, pour les plus jeunes de nos élèves. Objectif : réserver et négocier les tarifs. Je ne pus que mettre un message obscur sur un répondeur, et patienter tout l’après midi dans l’attente d’un rappel qui ne vint pas.
Bon. Ben ça n’avançait pas vite tout ça !
J’envoyais un fax à la compagnie de bus, comprenant qu’il était inutile de s’acharner sur le téléphone. Mais le fax ne passa pas. Il était déjà 4h, on partait à 6, et je ne savais pas si les bus viendraient. Alors j’avoue je stressai un peu !
Puis ils sont quand même venus, et , arrivés sur place, le sous sol du ciné était inondé.
Ce lundi, compte tenu de l’annulation du river boat trip, nous avions opté pour le musée. Dans la matinée, la compagnie de bus nous a appelé pour dire que le parking du musée était inondé et qu’ils seraient obligé de nous déposer un peu plus loin. Les poubelles flottaient sur le parking, donnant une image de fin du monde à la région pourtant si jolie quand le soleil la dore. Les filles ont shoppingé en grommelant pendant deux heures sous la pluie qui mouille.
Demain, la sortie à Stratford a été annulée car la ville de Shakespeare est sous l’eau.
Finalement, on ira a Stonehenge, voir des piles de gros cailloux sous la pluie qui mouille toujours autant.
Il est possible que Oxford soit annulé aussi.
A part ça on est bientôt en août.
Et les jours commencent à raccourcir !


Next door

Next door, c'est comme ça qu'on appelle le pub entre nous.




Pubbing again !
Non. Pas again, justement. Car ce n’est que ma deuxième sortie au pub depuis mon arrive. Et que c’est très bien comme ça.
On a bien rigolé. Cécile, Anne-Catherine et moi. Anne-Catherine s’est livrée à des déclarations mystérieuses : elle, quand elle a trop bu, elle fait le grand écart. Ah ! Intéressant !
Puis deux autres compères, vrais anglophones d’Angleterre, exilés qui au Portugal qui en Italie, nous ont rejoint. Et on a continué tranquillement notre conversation. David nous a raconté comment il a participé au club de tir au fusil de son école à 14 ans, nous assurant qu’il était pas super bon en tir à 200 mètres mais qu’il avait gagné des compétitions inter-écoles au tir à un mile ! Nous avons mêlé cela de considérations linguistiques et rhétoriques. Puis on a eu droit à une interview très sérieuse, chacune notre tour : pourquoi voulions nous absolument garde ce job, qu’est ce qui nous plait dans cette école ? Et toi, David ?
Et puis comme le temps passait on a du reprendre une deuxième bière.
David en a même pris une troisième, enfreignant ainsi de manière très claire et parfaitement consciente la règle d’or d’Heathfield qui dit que nous n’auront pas droit à plus de 4 unités d’alcool pendant l’exercice de nos fonctions. Une pinte valant pour deux unités.


Puis on est rentré parce que il faisait froid.
Puis je suis allée me couchée et me suis effondrée lamentablement sur mon lit comme si j’avais omis de dormir pendant quelques jours. Alors que même pas. Demain c’est mon jour de congé !

Bien malin le réparateur!

Dépendance électronique à très haut degré. Un homme en bleu de travail blanchi par le plâtre et la poussière a joué un peu trop avec son marteau piqueur et a sottement percé un câble électrique. L’ordinateur est grand et fort et a cela de bien qu’il se met tout seul comme un grand qu’il est sur batterie dans ces cas-là. Isn’t it formidable ?! Cependant, en débranchant cette partie du circuit, c’est tout le réseau informatique qui a sauté. Qui dit réseau qui saute, dit, plus accès aux dossiers en réseau. Dit plus accès à mes listes. Dis aussi plus accès à internet. Dit que c’est un peu la merde.
Et dit que ben tant pis on va aller déjeuner et que ça laisse du temps au temps pour réparer les bêtises et les câbles.
Après déjeuner, la nouvelle tombait : pour réparer le réseau, ils vont couper toute l’électricité pour une durée indéterminée. Ah. Embêtant pour la prof de danse qui n’a pas de musique. Embêtant pour les ordinateurs qui, bien qu’armés d’une batterie, en ont une malheureusement limitée. La photocopieuse s’anéantissait dans le même coup. Et on se regardait en attendant que le temps passe. Espérant juste que ça soit réparé avant la tombée de la nuit parce qu’une soirée sans électricité non seulement c’est pas drôle mais ça pose quelques problèmes matériels et logistiques plus ou moins graves quand on gère 150 personnes ! Pour la cantine (plus de fours) ; pour moi (c’est pas tout mais j’ai une sortie à organiser pour demain), pour la sécurité (on n’a plus d’alarme incendie, et puis aussi tout simplement parce que l’école est grande et que c’est pas avec nos trois bougies d’anniversaire qu’on ira bien loin.
Et la lumière fut !
Et je terminai joyeusement mon travail comme une enfant qui retrouve ses jouets en rentrant !
Et c’était une bonne journée.

Heathfield 1


Il était minuit et demi. Et je commençais à ressentir un fond de fatigue légitime et méritée. La journée avait été longue mais bonne et touchait à sa fin. Je sentais déjà la chaleur de ma douce couette et les effluves rassurantes de ma tranquille chambre à moi rien qu’à moi. Un fond musical calme et je dormirai vite. Nehal avait pleuré pendant déjà longtemps. Je m’en occupai. Puis Hind. Puis Rosie, qui, dépassée par les événements et les larmes incontrôlables de cette nouvelle recrue, me rappelait, pour prendre le relais. Je lui parlai, la rassurai, la consolai du mieux que je m’en sentais capable. Ce petit bout de fille était déjà un beau brin de femme et la simple idée de la prendre dans mes bras pour la câliner me donnait des nausées. Alors je la rassurais, avec ma voix suave et délicate me reposant sur le pouvoir persuasif des mots. Je promis de venir la revoir une demi-heure plus tard.
Je revins. Elle avait éteint la lumière. Elle sanglotait des hoquets assoupis. Tout allait pour le mieux dans la meilleure des chambres du square.
Et je partis me couchée l’esprit serein et consciencieux de ceux qui ont accompli leur travail comme il se doit. Détendue. Fatiguée. Mais apercevant la porte de ma chambre, en m’éloignant de cette crise de larme hystérique et sans fin à grands pas.
Je me glissai dans ma chemise de nuit dernier cri, d’un orange vif à vous aveugler pour bien des années. D’un orange à vous faire fermer les yeux pour une bonne nuit pleine de sommeil profond. Je sombrai, gentiment bercée par le silence apaisant qui m’entourait.
Je n’eu guère le temps de me plonger dans des rêveries polyglottes et animées de jeunes filles et d’aéroport. Je comptais pourtant bien profiter de la nuit à venir pour refaire le film de cette journée. Mais déjà, un toc toc toc imprévu vint frapper à ma porte.
Je grognai, un peu mais pas trop, et me levai, me prenant en pleine figure assoupie toute cette lumière orange. C’était Anne-Catherine. Un moindre mal, pensais-je lâchement. L’expérience s’exprimait ainsi. J’aurais troqué –et je troquerai toujours- douze Anne-Catherine faisant toc toc toc à des heures indues contre une élève malade qui m’exprimerait sur les pieds tout le contenu de son mal cœur au moment où j’ouvrirais la porte.
C’était donc Anne-Catherine.
Et c’était pour Nehal.
Ce début de sommeil, même bref, avait réussi à me faire oublier l’existence de cette créature pleureuse et je revins subitement à la réalité. Nehal, donc. Oui oui oui. Parfaitement. Et que veut-elle donc? C’est pas tant qu’il est une heure et demie du matin et que je dormais mais presque ; alors j’aime autant vous dire que la Nehal elle a intérêt à avoir de bonnes raisons de pas être plongée gentiment et sagement dans un bon vrai sommeil bien réparateur.
Elle était aller chercher de l’aide dans la salle des profs, cherchant à faire comprendre à qui de droit que ben non elle ne comptait pas dormir vu qu’elle ne le pouvait tout simplement pas. Vu que elle était dans une chambre seule et qu’elle avait peur et que comme on est très méchant on voulait pas la changer de chambre. C’est Anne-Catherine, tardivement éveillée, qui avait reçu ses plaintes, et qui, un peu dépassée par la chose, venait donc chercher du renfort en ma personne. Comme c’est attentionné ! C’est à ça qu’on reconnaît les vrais amis, pensai-je.
Nous nous sommes donc dirigés d’un pas décidé mais discret (surtout, ne pas réveiller les autres !) vers la chambre de Nehal. Qui sanglotait comme une misérable enfant battue sur son lit. Et inondait son matelas de larmes excessives de colère. Anne-Catherine était venu me trouver chercher après une conversation téléphonique houleuse avec la mère, qui avait appelé à une heure du matin pour gueuler. Parce que merde enfin oui quoi après tout ! Ca fait huit mois qu’elle a réservé et elle méritait (je cite) une chambre à plusieurs pour sa fille ! Mais oui bien sur !
J’expliquai d’une ton clame et ferme à la grassouille de Nehal que ce n’était pas tellement que je ne voulais pas mais qu’il m’était difficile d’envisager à cette heure avancée de la nuit d’effectuer un changement de chambre, de céder à ses caprices et d’aller délotir une petite fille sagement endormi dans son lit douillet pour l’y mettre elle à sa place. Il y a quand même des choses que je ne peux pas me permettre même avec toute la bonne volonté du monde.
Mais elle ne semblait pas sensible à mes arguments pourtant imparables d’humanisme et de respect. Elle méritait cette chambre. Un point c’était tout, et semblait prête à inonder jusque à tout l’étage de larmes et de pleurs trop forts pour obtenir satisfaction. Ce que Anne-Catherine et moi avions la ferme intention d’empêcher ! Non parce que faut pas déconner quand même ! Nehal pleurait incessamment et nous nous regardions à la recherche d’une solution miracle. Il fut très vite très clair que la douceur et l’amabilité ne nous permettrait pas de calmer l’hystérie croissante et qu’il fallait avoir recours à des moyens plus subtils.
Nehal se calmait, respirait, puis pleurait, cycliquement. Elle avait peur. Peur des fantômes. Nous ne voyons pas d’où pouvait bien lui venir cette stupide idée de fantôme ni comment le spectre de Margaret Clarke eut pu venir lui susurrer l’existence de présences mystérieuses dans le bâtiment.
Elle voulait aller voir sa sœur ce dont il était formellement hors de question vu que la sœur en question dormait à point fermés, dans une chambre à plusieurs –elle au moins ! nous fit elle comprendre- et qu’il était bien clair que ça réveillerait toute la chambrée que c’était pas une grosse Nehal qu’on aurait à gérer mais une grosse Nehal boudeuse plus 4 gamines ce qui ferait bien trop !
Nous aurions pu l’enfermer si les chambres avaient des verrous ; nous aurions pu la laisser pleurer indéfiniment dans son lit ; nous aurions pu l’abattre violement avec une batte de cricket comme il en traine toujours à moins de 34 seconde de marche à pied (selon les dernières statistiques) en terre de rosbeef ! Mais nous n’avions pas de verrou, et pas la moindre envie de parcours les 34 secondes qui nous séparaient théoriquement d’une arme blanche, et puis de toute façons, une Nehal, ça peut être beaucoup plus fort qu’une batte de cricket. Une Nehal en crise ça résiste à tout !
Comme il était clair qu’elle irait voir sa frangine si nous partions, nous restâmes, espérant qu’elle s’épuise elle-même dans ses sanglots et sombre enfin dans les bras douillets de Morphée qui l’appelait quand même très fort ! Comme un gros bébé de bientôt 14 ans qu’elle était !
Elle nous fit enfin comprendre qu’elle daignait envisager de se coucher à condition qu’on dorme à proximité d’elle. Il nous fallu user d’une rhétorique sans faille pour lui faire comprendre que c’était même pas en rêve et qu’on dormirait pas au pied de son lit sur la moquette ! Ni elle au pied de notre lit sur la moquette. Que chacun dormait dans sa propre chambre et que oui c’est vrai la vie c’est pas drôle tous les jours et parfois même pleine d’injustice !
Mais nous eûmes recours à une subterfuge temporairement salvateur : la laisser dormir et faire le guet dans sa chambre pour éloigner les mauvais esprits rôdeurs. Ainsi, nous veillerions, et elle pourrait dormir paisiblement. Ce qui nous fîmes. Je lui éteins de force la lumière, et nous nous assîmes dans le couloir. Anne-Catherine et moi. Il était déjà presque deux heures du matin. Elle continuait à chouiner exhibant les litres de larmes que son grand corps costaud pouvait stocker. Nous ne la voyons pas mais l’entendions gigoter, se retourner, se moucher, jouer avec son portable, râler. Nous restâmes presque une heure dans ce couloir vide et froid, dont le sol dur et la moquette rugueuse commençaient à se faire inconfortables. Morphée nous faisait de l’œil à nous aussi, et, Anne-Catherine alla furtivement chercher une couette. Nous étions donc toutes les deux assises dans le couloir, à partager une couette moche, guettant les mauvais esprits rôdeurs qui seraient susceptibles de venir interrompre le soleil dans le quel Nehal semblait enfin sombrer. Nous espérions très fort que personne ne décide de sortir de sa chambre à ce moment. Nous nous serions alors trouvées dans une position fort inconfortable, forcées d’expliquer que non pas du tout nous n’avions nullement l’intention de dormir dans le couloir, et que non bien sur que nous, nous ne nous livrions à aucune activité libidineuse honteuse sous ce duvet commun, mais qu’on guettait et que oui tout était presque normal.
Nehal ne pleurait presque plus. Nous la sentions apaisées, et nous commencions à entre apercevoir le moment où nous même pourrions aller dormir. On se refaisait le film de la journée en attendant et puis notre récit fut interrompu par les gémissements de Nehal. Ce coup ci, ce n’était plus des gémissement plaintifs mais des petits cris quasi organismiques un peu dérangeants, qui nous firent nous interroger sur ce à quoi rêvait le jolie petite fille frêle et des visions d’horreur s’emprirent de nous inexorablement. Assises sur la moquette bleu sale à lutter contre la fatigue, bercées par les cris érotiques de Nehal ; le glamour réduit à néant. Rien que d’imaginer la chose et nous rions nerveusement comme deux hystériques que nous étions devenues à notre tour, riant deux fois plus à l’idée d’être découvertes dans cette situation plus que piteuse par d’éventuels collègues insomniaques.
Passé deux heure et demie, nous décidâmes que merde, fallait pas abuser quand même, et nous partimes nous coucher ; prenant soin de marcher sur les endroits du couloir qui ne grincent pas, et de courir le plus silencieusement possible une fois au bout du couloir pour que Nehal perde notre trace si toutefois elle avait été réveillée par nos rires nerveux de fatigue.
Le lendemain au petit déjeuner, j’appris qu’elle avait réveillé Bethany à 3h, Natalie à 4, qui, un peu désarmée, l’avait emmenée faire des coloriages à la salle de dessin ( !!!), Helen à 5.
Le lendemain, elle changeait de chambre parce que bon c’est bien mignon tout ça mais pas deux soirs de suite. Mais elle réveillait quand même Helen 5 fois dans la nuit.
Le surlendemain, elle décidait de changer son lit de place au milieu de la nuit pour se rapprocher d’une autre élève.
Nehal fait partie de ces élèves qu’on apprend tous très vite à connaître !