RER B. Direction l'antre du savoir. Celle des intellectuels bien habillés, bien peignés et qui sentent bon. Avec une petite écharpe gentiment jetée par dessus des épaules bien droites. Un attaché case en cuir rempli de toute la connaissance littéraire que je n'ai pas. Rempli de tous les savoirs que je vais devoir acquérir et qu'eux maitrisent déjà parfaitement. Le RER progresse, je me recoiffe. J'ai changé de tenue déjà trois fois pour essayer d'être au mieux du mieux de moi-même. Au plus proche du look cachannais. Ou de l'idée que je m'en fais. J'ai refais mon maquillage dégoulinant et me suis censurée le sandwich au camembert qui me tendait les bras pour respecter mon haleine fraiche.
Je rentre dans cet endroit qui me semble magnifique dès le portail franchi. Tous ces gens qui déhambulent en se tenant la main, en se faisant la bise, en discutaillant de choses finalement pas si importantes. Une fille, même, ose ce que je n'aurais jamais osé imaginer: "si parce qu'elle sort avec bidule. Ah bon tu savais pas?"
Je respire.
Je suis très en avance et décide d'attendre au pied de ce qu'on m'a indiqué comme étant le batiment de langue. J'observe les allers et venus. Je regarde passer ces étudiant et réajuste mes exigences vestimentaires pour les jours à venir. Je découvre le site, je regarde des étudiants chargés, et me demande ce que gache ce sac à dos un peu informe. Je regarde tout ces gens avec les yeux d'une anonyme qui espère ne pas le rester. Je meurs d'envie de parler, de questionner, de demander que l'on me raconte. Que l'on me dise tout. Ben qu'est-ce que vous voulez savoir? Je sais pas. Tout. Où sont les toilettes; si les gens sont gentils, est-ce qu'on nous moleste violemment sur la place publqiue si on échoue, est ce qu'on a le droit d'être malade, et où est la cafet', et quand est ce que je commence les cours..? ne sachant pas par où commencer mon interrogatoire, et n'étant pas sure moi même de la validité et de la cohérence de toutes les questions, je décide de m'en remettre à moi même et de continuer à attendre que le temps passe. Et que le stress monte.
Bon oui, c'est plus sure. Restons discrète et muette, je risque moins de poser la question qui tue.
Et le temps passe.
Et je m'aventure seule et presque sûre de moi vers la salle Marie Cury. C'est que j'ai appris par coeur et virutellement le plan de tout le campus depuis mon bureau pour limiter les initiatives à prendre sur place en ce jour de grand stres de la découverte. Je sais où je vais et j'y vais.
L'amphithéâtre est caché derrière des hordes d'étudiants vendant avec calme et diplomatie des mutuelles toutes plus alléchantes les unes que les autres, bien sur.
La salle est grande et me semble belle. Les tables en bois suffisemment larges pour y poser une feuille A4. Les strapontins en bois qui brille presque confortables.
J'avise un exemplaire du Steinbeck au programme sur une table. Un étudiant bien caché derrière son livre. Et je m'assois tout près, prête à demander des rensignement au cas ou, mais trop impressionnée par tous ces gens pour oser me présenter directement.
Je vois entrer des groupes de gens sans discontinuer. Beaucoup ont l'air de se connaitre et entrent en racontant leur vacances, en se faisant dangereusement la bise dans les escaliers. Certains ont l'air sérieux et concentrés. Certains comme moi. Spectacteurs de cette école qu'ils découvrent. Une fille s'approche de moi et me gratifie d'un grand bonjour souriant et auquel je réponds de la même manière, trop heureuse de ne pas être passée inapperçue. Trop heureuse de voir que quelqu'un me parle. C'est quand même dommage de n'avoir qu'une envie c'est de rencontrer, de partager, de se préenter, et d'être tétanisée par le poids du savoir de tout ces gens, par ce sentiment d'infériorité mêlé de respect forever. Ce sont eux les grands et moi la toute petite nouvelle avec qui il va falloir être doublement gentil parce que rendez vous compte elle n'a même pas eu le concours, elle est un peu toute paumée. Respect pour ces ancêtres plus jeunes que moi pour la plupart. Oui bonjour. Vous venez pour la réunion aussi? (question sotte, la seule présence de cette jolie brune frisée, coiffée un peu n'importe comment donnait sans doute une réponse assez fidèle à la question innocément posée). Oui, ben on peut peut être se tutoyer, non? On doit avoir le même page, c'est quand même plus simple. Oui oui oui dis,-je courbant presque l'échine telle une nippone trop respecteuse de la hiérarchie.
Cette fille est physicienne, déjà agrégée. Triple respect, je remets un petit coup de courbage d'épaule respecteux devant la Haute de la sélection normalienne.
La réunion commence. L'amphithéâtre est plein d'étduaint encore agités, trop heureux de se retrouver après la trève estivale. Une fille arrive en retard en croquant dans son jambon beurrre.
Une femme dynaique s'empare du micro pour souhaiter bienvenue à tout le monde; et les interlocuteurs s'enchainent.
Je ne parle pas, je me tapis dans mon mutisme admiratif de tous ces gens si beaux, si intelligents si souriants, si parfaits me semblent ils, et devant mon contentement suprême d'être là parmis eux; même si je ne me sens pas encore tout à fait comme eux.
On nous parle de cent choses, et je regarde les diopositives power point comme on découvre des oeuvres d'art tricentenaire au Louvre. Des merveilles de qualité graphique, une mise en page des plus belles, des tonalités si subtiles et harmonieuses pour les titres et les sous titre. Je suis en découverte, je suis spectatrice.
La réuniosn se continue par une autre, et ma physicienne de voisine se dirige vers son UFR, m'adressant un salut, à la prochaine que je reçois en plein coeur comme une déclaration d'amour à vie. Comme une reconnaissance que je suis là et qu'on m'a bien vu.
Je m'étais pourtant appliquée à faire la transparente en espérant qu'on me repérât tout de même. Défi difficile mais qui semblait partiellement réussi.
Lors de la deuxième réunion, on nous resalut, nous refélicite d'êrte là, nous souhaite une bonne année, et vous êtes? Eve. Ah c'est vous... bonjour Eve, ravie de faire votre connnaissance.
Oh, ils connaissent même mon prénom.
C'est formidable, cette dame semble me connaitre alors qu'elle ne m'a jamais vu. Et je repense à ces professeus à l'université qui après deux semetres de cours ne savent toujours pas reconnaitre les étudiant de leur TD.
On nous explique pleines de choses, plein de procédures adminsitratives, qui semblent teintées d'un vernis embelisseur lumineux et vif. Le groupe d'étudiant grisonnants au regard sévère et sérieux que j'imaginais dans le trajet de RER semble s'être illuminer et faire luire tout autour de lui. Tout me semble gai, joyeux, heureux.
Et moi je suis gaie, joyeuse, herueuse.
On nous parle du travail à fournir et je me dis que je vais apprendre plein de chose. Que je vais décourvir ceci et cela.
Que trop bien on va faire de ça.
Et que c'est fini pour aujourdh'ui. On va boire un pot à la cafte'? suggère une élève. Bonjour, je peux venir avec vous, je réponds, enfin convaincue qu'après tout, ces gens ne sont pas des extraterrestres culturels et, attirée par leur normalité rasurante.
Bien sur, au contraire, ton nom c'est Eve c'est ça?
Définitivement pas transparente, donc.
Et définitivement trop contente.
Et bien convaincue que même si je ne l'ai pas, ce concours, l'année va être bonne.
6 commentaires:
Bravo !
J'aime comme tu racontes, on a l'impression d'y être !
T'as aucune raison de te sentir impressionnée tu sais! Si tu as été accepté c'est que tu as autant ta place à Cachan que eux ;-)
Bon courage pour la rentrée!
oui je sais audrey, les profs nous l'ont clairement dit, mais je te pormets que �a impressionne quand m�me!
Bon demain, j'ai int�r�t � avoir plus de 5 en version histoire de me donner confiance :)
Eve ahlalala toi qui est notre idole du travail, celle qui a réponse à tout, celle qui a des cours superbes, celle qui passe l'agreg' qu'on est même sûrs que tu la décrochéras, toi notre Eve tu flippes de deux petits étudiants qui doivent pas la ramener plus que ça? :)
Courage, sourit, le reste ira!
juste un petit coucou d'une lectrice, j'aime bien ton blog, bisou, kr
bon petit récit nimbé d'admiration et d'humilité, 100 % evesque, qui rend si palplitant cette rentrée des classes, ca nous rendrais presque nostalgique...
une admiratrice transite
PS cela dit avec une telle prose j'me fais pas de soucis tu vas pas avoir de mal à damner le pion aux dandys trop bien peignés.
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