jeudi 22 novembre 2007

Vélib' ( suite.. et peut être pas encore fin)

Hier soir. J'avais cours à la Sorbonne. Une semaine que je n'ai pas mis les pieds dans une université. Une semaine que je n'ai pas cotoyé mes pairs agrégatifs. J'y vais, contente de remettre les pied dans la réalité. Il fait beau et je trouve même un vélib' dès la première station où je me rends. Le cours à lieu de 17 à 19h, je pars tranquillement, vers 16h pour profiter de cette promenade à ciel ouvert. Je pédale à mon rythme, chantonnant, rêvassant, pragmatiquement.. (et si nous n'étions que deux en cours et que le professeur me disait juste, 'ah non mademoiselle, vous comprenez, je ne peux pas faire cours pour deux élèves seulement... à la semaine prochaine'?). Je défile dans ce flot continu de deux-roues qui semblent avoir adopter et dicter à tous les véhicules un comportement anarchique auquel tout le monde semble se soumettre, qui avec le sourir, qui avec agressivité. Les motards traversent les passages cloutés entre les voitures, les vélos doublent par la droite, les rollers sillonnnent tant bien que mal. Je pédale sur la chaussée quand il le faut. Je ne roule sur aucune chien. Sur aucune mamie. Et je rends un aimable sourire à ceux qui m'en offrent un.
J'arrive à la Sorbonne, cerclée de cars noirs de CRS qui me rappellent le printemps 06. On me demande ma carte d'étudiant. Je la présente: seuls les étudiants en concours ont le droit de pénéter dans le bâtiment principal de la Sorbonne. Je me plie au contrôle des sacs qui semble devenu réglementaire et franchis le grand et lourd portail pour me retrouver au milieu de la cours de la Sorbonne. Seule. J'arpente discrètement les couloirs, à la recherhce d'une tête connue. Ou tout simplement d'une tête. Il semble n'y avoir personne. Au bout de chaque couloir, quelque CRS, armés, l'air aimable; ils me sourient en me voyant passer comme s'ils reconnaissaient sur mon visage le regard perdu des étudiants solitaires dans ces murs. Je croise un étudiant, il cherche lui aussi quelqu'un. Nous ne nous connaissons pas mais nous adressons mutuellement un sourire qui veut dire ' ah ah toi aussi t'a mis une plombe à venir et tu sens le moment où le prof lui, n'aura pas pu arriver, ni personne d'autre, et où tu vas te retouver comme un con devant ta salle de cours à te dire que quitte à perdre deux heures, autant aller au ciné'. Sourire dénué de cynisme. On est là et on explore la Sorbonne dans sa splendeur muette et désincarnée. Je rejoins ma salle et tends l'oreille à laffut d'un bruit pouvant me confirmer qu'il y a des gens dans ce département d'anglais. La biblitotèque est fermée. Une bouteille d'eau traîne. Un gant accroché à une poigné de fenêtre. Come si on revenait sur des lieux désertés depuis longtemps. Un retour improbable sur un lieu ayant laisser des traces de vie, mais qui ne vit plus lui même. La sonerie du téléphone retentit dans le secrétariat mais personne n'est là pour répondre. Plusieurs messages, rédiges de mains différentes sont affichés sur plusieurs portes, pour annoncer un cours annulé, un cours repporté, un cours déplacé dans une autre lieu. Rien qui concerne mon cours.
Une porte s'ouvre. Des pas. Un homme. Un ancien professeur à moi. Il passe et me salut. Il ne m'a pas reconnu. Un lieu sans vie et anomyme. Sentiment étrange d'intrusion, d'être là où on ne devrait pas être. Il repasse Mais vous cherchez quelque chose? Moi: Non, non j'ai cours dans un moment, j'attends.
Mon professeur arrive. Vous êtes seule? Oui... Il repart. J'attends. Le bruit mécanique de l'asenseur s'emballe et me laisse deviner une arrivée rpochiane. Deux étudiantes arrivent en discutant, et m'adressent un clin d'oil qui veut dire 'tiens, une tête connue'. Le professeur revient, le cours se déroule comme si tout le monde était là. Comme un cours de grammaire du mercredi soir. Un cours normal. Si ce n'est l'entrée impromptue d'un vigile cherchant à fermer la salle où nous sommes et où il semble bien surpris de trouver quelq'un.
Le cours se termine comme il a commencé, silencieusement. Nos pas résonnent dans ces escaliers de pierre; mais aucn bruit ne les étouffe. Ils se propagent avec élégance dans les couloirs et jsqu'en haut des murs.
Comme je suis venue, je cherche à repartir. Je me doutais bien qu'il serait inespéré de trouver un vélib' un soir à 7h à la Sorbonne. Mais un petit clignotant vert dès la première station voit ma mine se réjouir. je fais bip avec ma carte moderne qui fait bip. J'enfourhce la chose et pédale trois tours dans le vide. Car il ne marche pas. Les CRS au coin de la rue rigolent gentiment. Je dois être la cinquantième à arriver avec ce air ravi, à monter sur ce vélo qui ne marche pas et à le reposer en jurant. Je rigole avec eux. Non non c'est pas grave je vais aller en chercher un plus loin. Celui là il n'a pas de chaines (forcément ça roule bcp moins bien!). Ils me proposent de me ramener dans leur camion bleu mais je décline l'offre.
C'est amusant comme les grèves déclanchent des sentiments aussi complexes que paradoxaux: une sorte d'agressivité constante semble avoir contaminer tous les rapports humains depuis quelques jours, dès lors qu'il s'agit de se déplacer. Mais en même temps, les gens attendent, alors il se parlent, se sourient, se renseignent mutuellement quand il le puevnt. Je cherche un autre vélo en même temps que beaucoup de gens et nous nous suivons bêtement de stations en stations, nous racontant des banalités sur ce qu'on pense du poids des vélibs, sur les stations dont nous venons et où il n'y a rien. Marrée de cycliste amateurs se déplacant communément à la recherche de la perle rare. Comme si nous allions tous pouvoir monter sur le même vélo, une fois que nous l'aurons trouvé. Un vélo qui aurait une chaine, une chaine qui serait à sa place. Un vélo qui n'aurait ni le pneu avant ni le pneu arrière crevé. Un vélo qui roulerait.
C'est dans une petite rue sombre et bien cachée que je trouve mon bonheur. Il en reste un. Il sera pour moi, je jubile et me mets en route à pleine allure. A peine une demie heure pour trouver un vélo. Pas mal.
Je pédalle à toute vitesse, levant le poign en haut de la rue comme si je venais de grapiller qq points au classement du meilleur grimpeur. Mes jambent s'enroulent d'elles-mêmes et le vélo semble avancer sans que je ne fasse rien. Tout ceci est devenu purement mécanique et je regarde Paris-Lumière et ses couleurs de Noel pendant que mon véhicule me ramène chez moi. Sauf qu'à un moment, alors que tout cela semblait si bien huilé, il a décidé d'arrêter. Il en avait marre. Et au milieu de son élan (et du mien), la chaine a sauté. C'en était fini du vélo qui roule.
Je grimpe vite sur le trottoir parce qu'un peloton lancé à toute allure me suit de près et que je tiens pas à finir les jours broyée par un vélib' (qui ont la réputation destructice d'être lourds NDRL). Je râle gentiment et me dirige vers chez moi, adoptant la désormais célèbre position dite du "vélo-trottinette", à la recherhce d'un endroit où reposer l'engin, gardant les yeux rivés sur ma montre afin de ne pas dépasser la demie-heure gratuite qui m'est allouée.
Vingt minutes plus tard seulement, et après avoir sollicté plusieurs passants sur mon chemin, je rebranche mon vélo, sous le regard amusé d'un jeune couple qui dîne dans un restaurant chic du VIII° arrondissemlent, et qui me regarde les yeux plein d'empathie, expliquer à un homme type cadre quicagénaire, que ça ne sert à rien de se ruer sur ce vélo que je range puisqu'il ne marche pas. A moins qu'il ne maitrise la position du "vélo-trottinette".
Ainsi s'achève le récit de ma journée: à pied. Finalement, c'est pas si mal, ça monte beaucoup trop pour faire ça à dos de vélo!

3 commentaires:

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

:) au moins le velib' sert à une chose : raconter des histoires ^^ parce que tu te doutes bien que mes allers retours en voiture n'ont rien de bloguable lol

Ziboux a dit…

Je rigole bien en te lisant, surtout que moi, je vais à la fac à pied quand j'ai cours a Villetaneuse et que j'ai renoncé à aller a St Denis tant que la grève persistera. Forcément, mes baskets en prennent un coup, mon corps aussi (une demie heure de trajet, la même au retour, 4 fois pas semaine) mais au moins, pas de soucis de vélo qu'on trouve pas, de bouchons, de chaine qui saute et de pneu crevé... De toute façon, je ne sais pas faire de vélo !

Anonyme a dit…

(je sais pas si peux laisser un commentaire ici vu qu'on a du se voir une fois à l'anniversaire de Vinciane , alors bon, je préfère m'essuyer les pieds avant de balancer mon commentaire indispensable)

Tout ça pour dire que moi aussi la chaine a sauté, et qu'il faut faire gaffe quand on donne des grands coups de pédales dedans sinon la chaine peut casser et – méga bonus – ton vélo est soudain épris d'un amour ému pour le sol. Comme il est pas chien le vélib', il te prend avec lui.