Décision complètement arbitraire prise par la directrice qui veut aisni offrir quelque chose de "plus" aux plus agées de nos élèves.
Une autre sortie à prévoir. C'est mon travail. Et je m'y colle. J'affiche des photos des années précédentes, de ces demoiselles adolescentes en jolies robes, et vestes élégantes se prenant pour Eliza Doolittle. J'affiche une liste proposant aux plus vielles d'écrire leur nom si elles souhaitent y participer. Nous sommes samedi matin. La sortie aura lieu demain dimanche. Il est dix heure trente et les étudiantes sont encore en classe. Pour peu de temps. J'affiche donc calmement, mais empressément, avant que l'heure de la pause ne sonne le laché des folles courant vers les listes d'activités et que je ne sois assaillie sous ce troupeur d'ado surexcitées munies de stylos bille pointus. Il est écrit en grosse lettres bien rouge "15 and over only"; le message est clair et simple.
Je repasse là devant quelque minutes plus tard. A l'heure de la pause. A l'heure du thé et des biscuits aux smarties dans la salle des profs. Et me rends compte que les trente place offertes pour cette activités ont toute trouvé preneur. Je m'approche de plus prêt et confisque son crayon à une innoncente passant par là pour barrer d'un trait vif et sûr le nom de toutes les tricheuses n'ayant pas attenint l'âge recquis. Maria, Andrea, Lena... elle le savent! C'est la règle! et elles parlent suffisement anglais pour comprendre cela. Des élèves plus jeunes m'observent déverser toute mon agressivité sur ce panneau qui ne m'a rien fait , et m'empresser de rétablir la vérité et d'entourer de rouge les filles de 15 ans qui peuvent vraiment participer. J'ai l'air méchante et cruelle. Et cette petite hollandaise m'adresse un regard de peine et de déception semblant me dire que vraiment je suis super méchante en fait alors qu'elle me croyait naivement gentille. Je souris pour préerver ce qui peut encore l'être de mon image de Sainte-gentille. Mais je sens dans leurs regards emplis de pitié que Saint-Gentille n'est plus ce qu'elle était.
Je rejoins la salle des prof où la réunion quotidienne se déroule et déboule remontée et prête à écorcher vif la prochaine maline qui jouera à défier mes ordres. Je demande poliment, ravalant mon énervement, aux professeurs de bien vouloir rappeler à leur charmantes tête blondes qu'il est inutile de s'incrire aux activités des 15 ans et plus lorsqu'on a que 12 ans. Ils sourient et acquièscent, semblant percevoir mon message comme empli d'une évidence un peu redondante.
A midi, et avant de partir pour une journée d'aéroport, je propose une autre affiche, changeant radicalement de stratégie! Le nom des filles concernées est prénscrit et je leur demande de cocher la case de leur choix: yes, I want to go/ No, I don't want to go... minimisant les connaissances d'anglais recquises pour comprendre la consigne.
Je propose trente places pour la simple et bonne raison qu'il y a quinze places dans le minibus (qui fera deux aller-retours). Raisonnement purement matériel.
J'ajoute dans un petit coin de l'affiche et dans une grand coup de naiveté "if you are 14 and under, come and see me TONIGHT, I will tell you if you can go", pensant évident que la réponse serait fonction du nombre de grandes ayant pris les places, de ma bonne volonté à faire plaisir, et de l'amabilité dont elle sauraient fraire preuve au moment venu et d'autres critères à déterminer selon mes envies toutes puissantes!
Je rentrai de l'aéroport à 7h, fatiguée mais pas trop. Mais surtout en ayant faim. Je n'eus pas le temps de sortir de la voiture que Sabela m'abordait avec son soourire des grands jours "you said we can..."
Taratata je sais ce que j'ai dit! Je mange, et on en reparle.
Je repoussai ainsi pas mois de 4 élèves qui avaient dû faire le gai tout l'après midi pour être sûre d'être la première à me demander l'aumône d'une place dans le minibus et d'une sortie chez à Ascot.
Je mangeai et traversai aussi discrètement que possible tout ce grand hall rempli de plein de gens qui voulaient me parler (pourquoi moi?) (c'est là que le masque de mickey revêt toute son utilité) pour aller voir l'état de ma liste avant de me prononcer d'aucune façon que ça soit.
Je décidai très vite de répondre un non catégorique. J'avais deux places à offrir: à qui les donner? comment choisir? comment ne pas être injuste? choisir les élèves que j'aime bien moi ne me semblait pas très moral! choisir celles qui viennent depuis plusieurs années? il y en avait plus que deux! comment en éliminer certianes et retenir deux autres?
Je consultai la directrice pour lui soumettre ma décision qu'elle acceptait sans retenu. Ce devrait ainsi être plus simple pour tout le monde.
9.30 sonnait la fin du spectacle dans le hall et le début d'un long défilé de filles avides de connaitre mon ultime décision:
- No
- but you said we have to see you tonight if we are 14
- yes, but all the orlder girls have taken the places. There is no room in the bus for you to go.
- but last year I was 13 and I could go
- yes but last year none of the older girls wanted to go so I could let you go. This year they all want to go so I can't let you go.
Sourir de plus en plus cripsé en voix de plus en plus ferme. Je n'aime pas avoir à m'expliquer sur les décisions que je prends. Surtout quand j'ai raison :)
- yes but if I don't go my friend don't go too.
- oh if her friend don't go then I can go?
AHHHHHH
Non. Ma décision était prise et je ne laisserai personne se greffer à cette sortie.
J'imprimai la liste définitive des participantes et parti me coucher, diparaissant sous ma couette et m'éloigant de ces caprices de petites filles gatées, qui n'étaient pas prêtes à comprendre que si le bus a 15 places, il en a 15 et pas 16 et que, comme mes pouvoirs- aussi formiables soientil- sont limités, je ne peux pas par un coup de baguette magique augmenter la capacité de bus, elles resteront là et puis c'est marre!
Ajoutons tout de même que "rester là" signifiait faire du sport, aller à la psicne, faire un picnic dans le parc... rien de très cruel me semlait il.
Et le départ du minibus fut marqué par la première manifestation d'élèves à Heathfield.
Quelques protestataires étaient couchées par terre, cherchant ainsi -au choix- à se faire écraser à mon plus grand soulagement, ou à empêhcer le bus de quitter les lieux sans elles! Scandant des slogans somme toutes fort peu persuasifs!
What do we want?
Ascot!
When do we want it?
Now!
Et je fermai les fenêtres de mon bureau pour ne pas entendre ce qui malgré moi m'agressait et pour les laissez se remmettre de toute l'injustice du monde qu'elle subissaient ainsi par ma faute. Lorsque David, Director adjoint revint de son week end, il alla discuter avec les révolutionnaires pour essayer de leur faire comprendre qu'elles avaient pousser le bouchon un peu loin.
Une semaine plus tard, certaines élèves partaient. Le questionnaire qu'elles doivent remplir propose plusieurs champs what do you think about the classes, which trip did you enjoy the most...
A la question what's your worst moment at Heathfield? plusieurs des élèves ont répondu "Eve". Réponse allant de la simple mention de mon prénom à une phrase donnant quelques explications savoureuses. Au choix: she is way too rude and unfair to the returners! /We love the nurse and matron, the activities are great and our teacher was really funny. We really dislike the office staff because eve did not let us go to the races.
J'avais déjà oublié cet incident. Elles pas. Et elles m'en voulaient.
Et je le pris à coeur et me sentai blessée et vexée. Ces filles auprès de qui j'ai passé des longues nuits lorsqu'elles étaient petites et homesick. Ces filles qui sont venues me chercher tant de fois lorsqu'elles avaient un soucis. Ces filles à qui j'ai écrit des lettres. Ces filles qui se sont toujours tourné vers moi quand elles avaient besoin. Ces filles quittaient Heathfield sur cette note qui m'agressait personnellement et profondément.
Ce n'était que des petites gamines provovatrices et je n'aurais pas du y être sensible. Mais, si elles n'étaient pas rester insensibles à ma prétendue injustice, je ne restais pas insensible à l'injustice de leur point de vue. Je repensais à tout ce cirque et à tout ce temps qui s'était écoulé depuis les courses. Et à la viguer de leur énervement. A mon envie de rire et maintenant à mon enive d'en pleurer.
C'est tellement naif d'avoir été blessée ainsi par ces quelques mots d'adolescentes alors que je me savais dans mon bon droit. Alors que je me savais soutenue par mes collègues.
Mais c'est dur l'apprentissage de l'autorité et les incovénients qui vont avec. C'est dur d'apprendre à dire Non. C'est dur d'être le grand méchant loup. Même quand il a raison, le loup!
1 commentaire:
Elles sont nulles ces filles :)
T'es une super staff ne t'en fais pas :D
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