mercredi 23 mai 2007

Les blondasses de mon quartier (tome 2)

(le cours avait lieu de 10.30 à 11.30)



Ce matin, remplacement mini-schools. Bel appartement dans magnifique immeuble à deux pas du chic parc Monceau.
C'est un groupe de tous petits, des 4/5 ans.
Je sonne. Une femme blonde et élancée, resplendissante d'UV, en tenue blanche et jupe qui tourne m'ouvre. Et me salue. Elle me présente ses deux filles, Agathe et Clémence, petites blondinettes en robe Bonpoint à rayure bleu pâle et blanches et sandales à troutrous vernies.
On m'informe "oh, vous savez, les autres vont arriver, mais ici, la ponctualité, c'est pas ça", ce que je pris à tord pour une avertissement critique. Ce n'était qu'un simple constat de la réalité, dont je me rendis plus tard compte que la mère en question était partiellement responsable.
Arrivée à 10.20 (pour 10.30), je commence à tourner un peu en rond dans cette entrée minuscule et à me demander comment je vais faire tenir les 8 gamins dans cet espace .
Ca sonne. Les voilà qui arrivent progressivement. La porte s'ouvre et les enfants se jettent les uns sur et sous les autres. Les mères se jettent dans les bras des autres mères. Gloussements et contentements réciproques: "oh, j'ai pris hugo pour mon fils, il a la même tunique!" "Dis donc, il est chouette ton brushing! oui c'est ma petite coiffeuse à domicile qui fait ça, elle le fait très bien". Je regarde, j'écoute, je me dis qu'il viendra surement un moment où ne serait-ce que l'une d'elle se tournera vers moi et m'adressera un simple bonjour. Mais je me résonne bien vite: à leurs yeux je n'existe pas. Je décide de m'en foutre -car au fond, c'est bien ça, je travaille avec les enfants et pas avec leurs mères- et me tourne alors vers les bambins chahuteurs qui à eux 7 atteignent un volume sonore surprenant. Bonjour, comment tu t'appelles? Toscane! Oh, bonjour Toscane moi c'est Eve, c'est moi qui fait le cours d'anglais aujourd'hui. Lesquelles présentations je répète à chacuns des enfants pendant que les mères continuent à batiffoler au dessus de nous, commentant avec un avidité surprenante les spectacle que leur offrent leurs enfants "non non, les garçons, ne vous battez pas", suivi d'un ricanement autosatisfait. Autant dire que les coussins continuent à voler d'un bout à l'autre de la pièce. "Si tu continues tu seras privé de malabar au retour", assure une mère, avec un aplomb déconcertant. On la croirait presque capable d'un tel acte de barbarie! ET je commence avant même d'entamer mon animation à me demander si je vais pas m'en faire un! J'envisage de rendre Louis à sa mère avant même que celle ci ne soit repartie, d'étouffer Hugo dans les trois coussins qu'il s'est approprié. Mort discrète et sans traces. Et je me dis que je suis complètement barge de me laisser aller à des pensées de la sorte et que c'est peut être en faisant entendre ma voix que j'obtiendrais le mieux satisfaction. "Bon on va commencer", dis je alors regardant fixement les 4 poufs 90-60-90, toutes plus riches en fanfreluches et colifichets les unes que les autres, et, les voilà qui se jettent sur leur progéniture pour les bisouiller de nouveau avant de les quitter pour une heure complète, ce que je prends pour un acquisècement. Elles tournent enfin les talons, dans un cliquetis de luxe qui me donnerait la nausée.
La mère en chef m'avertit: je ne reste pas là pour ne pas déranger l'animation, on est juste en bas, on va au café. S'il y a un soucis, vous appeler ma jeune fille, elle me téléphonera. D'accord.
Il est déjà 10.50, un tiers de l'heure est passé à attendre les retardataires et à se saluer. C'est un bon début.




Je commence donc mes exercices et essaye tant bien que mal de les faire s'y intéresser. Avec plus de mal que de bien d'ailleurs.
Les garçons se sont lancer dans une bataille de coussins que je peine à contrôler et mes menaces, engueulades, boutades, avertissements, sourires ne changent rien. Soyons clairs, je ne les impressionne nullement! Ce coup ci, c'est clairement eux qui n'en n'ont rien à foutre. Les filles se lancent des saloperies comme seules des filles peuvent s'en lancer.
C'est mon coussin/ non c'est le mien/ bon, les filles vous pouvez partager/ non il est à moi, d'abord c'est ma maison/ bon ben puisque c'est comme ça, la prochaine fois tu feras la cours d'anglais dehors!
Et je suis au milieu de tout ça à chantonner comme une brèle "rain on the green grass, rain on the top" espérant vaguement que mon filet de voix mélodieux et rassurant fera se calmer tout ce petit monde. C'est peine perdue.
Vint l'heure où ils ont eu soif. Pause. Je leur sers un verre d'eau et m'étonne de voir qu'aucun d'eux n'a renversé son verre sur son voisin ou pire, sur le parquet louis 13 ou dans mon sac. Quoique j'ignore quel serait le pire. Nous avons donc survécu à l'épisode soif, et voilà qu'on sonne à la porte. Avant même que je n'ai le temps de tourner les talons, la porte s'ouvre et une des pouf déclare "je ne fais que passer, je récupère ma veste, j'ai un peu froid". Allez-y madame faites comme chez vous. Elle rebisouille son fiston et le même cliquetis se fait entendre, avant qu'elle ne parte.
Suite des activtés. La pauvre Eugénie me chante une chanson sur les pharaons et Nefertiti, Toscane a rejoins les garçons au lançer de coussins, et Céleste chouine, parce que après tout ça fait au moins dix minutes qu'elle n'a pas chouiné et que n'y a pas de raisons que ça dure.
11.30! l'heure de la délivrance arrive. Je vais pouvoire les rendre et fuir! et je suis plus concentrée sur les mots à trouver pour faire comprendre à quel point ces mômes sont chiants à leur mères facilement susceptibles qu'à proposer des activités intéressanes et intelligentes.
On sonne, c'est pour d'Eugénie. Pendant que je donne son manteau à la jolie petite et assure à sa grand mère qu'elle a été sage, les trois garçons quittent l'appartement et se lancent dans une course poursuite dans l'immeuble, suivis de près par Agathe qui hurle de toutes ses forces pour les faire revenir. La scène m'échappe un peu. Je dis au revoir, tout en indiquant au deux ou trois qu'il me reste qu'ils n'ont pas intérêt à bouger d'un cil et j'entends les fuyards se battre, courir, puis pleurer.
Je décide donc d'avoir recours à mon arme: "ma jeune fille", que je décroche de son fer à repasser pour lui demander son aide. Elle me surveillent les rares enfants qui restent pendant que je vais chercher les autres. Je redescends Louis en le portant alors qu'il jette délibérement des grands coups de pieds dans le vide en hurlant "lâche moi". Non je ne te lâcherai pas! C'est moi qui décide! C'est Hugo qu'à commencé. Ca m'est égal. Allez hop, vous rentrez et vous vous asseyez, je ne veux voir personne bouger. Peine perdue, ils se contrefoutent des mes paroles et je regarde l'heure; il est déjà 11.40 et je ne vois pas l'ombre d'une mère qui puisse venir récupérer son môme!
Elles réapparaissent toutes cinq bonnes minutes plus tard, toutes souriantes et dans ce même gloussement monocorde. L'une d'entre elle daigne me demander si ça s'est bien passé. Essayant de positiver, je déclare que ils connaissent plein de choses mais sont assez actifs et écoutent peu. Mais elle n'écoutent qu'à moitié ma réponse. Mais, telle sont fils, elle ne m'écoute que trop peu. Je sens que je les amuse plus qu'autre chose.
Une autre se tourne vers sa copine, toujours avec ce même sourire "t'as entendu dis, il parait que nos enfants sont un peu perdutbants". Très chiants même , me dis-je intérieurement, les maudissant toutes du plus profond de moi même.
Je prends mon sac et quitte les lieux adressant un au revoir global qui ne fait qu'un faible écho.
Les mamans sont occupées à occuper leur après-midi: qui va au aprc cet après midi? toi? oui oui vers 15 h. Toi? non non moi je vais déjeuner au tir au pigeons avec mes filles.

Allez, allez tuer des pigeons, ça vous occupera!.

Je vous conchie!

6 commentaires:

Cyan a dit…

Ah, Eve, tes aventures sont toujours aussi épiques!! Je veux voir la photo de Mme S... ça me fait penser...

Anonyme a dit…

ah faut demander à claire vinciane, c'est elle qui en est détentrice!

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

c'est qui madame S? pourquoi je suis jamais au courant de rien moi? mdr
Et pis c'est quoi ça de partir au Maroc hum?
Oui je debarque c'est ça de squatter chez Romain qui n'a pas le net..!
En plus je te deteste Eve.. ton blog est trop bien! C'est moi qui ait commencé et j'ai une concurrence plus que rude avec toi!! ;)

Anonyme a dit…

Eve, je viens de voir les photos de ce billet, et en tant qu'adhérente au CEDP, je voudrais bien avoir la photo du pigeon...;-)

Anonyme a dit…

quand tu veux! mais sinon il suffit de taper pigeon dans google image et c'est une des premières.
Je savais que tu serais sensible au charme de ce délicieux volatile...

Unknown a dit…

ah ah ah jsuis morte de rire, c'est un pur bonheur de te lire evoun' !