samedi 26 mai 2007

Et ils parlent de la pluie et du beau temps...

Parler de la pluie et du beau temps... J'ai longtemps cru que ça voulait dire, ne parler de rien, refaire le monde, discuter de la vie de tous les jours, d'un type bizarre dans le métro, d'un article qu'on a lu, d'un ciné qu'on a envie de se faire. Echanger fugacement quelques paroles insignifiantes.On parle de la pluie et du beau temps quand on parle de choses légères et sans conséquences. En fait, je me rends compte qu'on parle souvent de la pluie et du beau temps quand on n'a rien d'autres à se dire.
A qui puis-je me targuer de parler de la pluie et du beau temps? A la gardienne de mon immeuble, aux voisins avec qui je me retrouve à discuter tout le long d'un trajet en ascenseur, à la mère de mon élève qui me demande systématiquement s'il fait froid dehors même quand je viens en jupe en sandales... à tous ces gens à qui je n'ai rien à dire, mais que je ne peux pas ignorer. Alors on parle de la pluie qui tombe, de l'orage d'hier et de la chaleur étouffante qu'il fait en ce moment, comme pour se donner l'impression qu'on se connait et qu'on peut légitimement échanger quelques paroles.
Au fond, parler de la pluie et du beau temps c'est parler pour meubler, pour lutter contre le vide et son angoisse. Ce n'est tout de même pas pour se conforter mutuellement dans cette idée que oui, vous avez raison, il fait bien plus frais depuis quelques jours, ou que moi je ne trouve pas qu'il fasse trop chaud? Ces choses là, on ne devrait pas avoir besoin de les dire, elle se sentent! et tout le monde le sait! Parler de la pluie et du beau temps, c'est un onzième commendemant tacite: tu ne feras pas un bout de chemin avec qulq'un que tu connais -même peu- sans échanger quelques mots. Alors on se salue, on se demande "et toi qu'est-ce que tu deviens?" ("et vous", le cas échéant), mais parfois, les choses de la vie font que ce bout de chemin partagé se prolonge et que ces quelques salutations polies ne vont pas suffir à meubler ce temps alloué à l'échange conversationnel. Alors on parle d'autre chose. Cet autre échange étant souvent s'essence météorologique. Parler de la pluie et du beau temps ce n'est pas échanger des paroles insignifiantes c'est commenter avec une avidité parfois surprenante le temps qu'il fait. On réussit à se persuader soi même qu'on s'intéresse à cela et que décidément le hasard a bien fait les choses et qu'heureusement qu'on s'est croisé pour se dire tout cela! On pourrait croire que parler de la pluie et du beau temps c'est parler de rien. Non, c'est parler de tout! Et sans métaphore. Qui ne s'est jamais jeté frénétiquement sur les cinq minutes de bulletin météorologique qui suivent le journal de vingt heures? qui n'a jamais ressenti cet étrange phénomène de météo-dépendance, qui fait qu'on se lève avec le sourire quand les rayons du soleil nous font plisser les yeux, et qu'on peine à avoir envie de quoi que ce soit quand de grosses goutes tombent sans discontinuer. On ne peut s'empêcher de commenter le temps qu'il fait. C'est ainsi. Peut être qu'à commenter le temps qu'il fait on se persuade qu'on le contrôle. Peut être qu'on parle du temps qu'il fait pour oublier le temps qui passe... Des pluies trop longues ou trop rares font le sujet de conversation privilégiées et systématiques. Un été frais et humide, un hiver doux et sec laisse des traces dans toutes les conversations; avec la boulangère, chez le coiffeur qui brush en regardant dans le grand miroir la pluie qui tombe par la fenêtre, avec le maraicher qui se désespère de voir ses cerises rougir un jour...
Je parle de la pluie et du beau temps à cette vieille dame dans le bus qui commente avec avidité les variations météorologiques, à la recherhce d'un interlocuteur attentif. Je parle de la pluie et du beau temps avec mes copines, quand la conversation connait un trou, pour combler un vide et enchainer sur quelque'autre chose de plus consistant. On parle de la pluie et du beau temps pour ne pas parler de soi. Alors on commente les choses qui nous entourent.C'est dingue, je crois avoir parcouru en long en large et en travers les amplitudes thermiques de ces quelques derniers mois avec mes voisins du dessus, et je ne connais même pas leur nom! On parle de la pluie et du beau temps pour ne pas parler de soi et par peur du vide. Quelque part, on se protège en parlant de la pluie qui tombe, on se met à l'abri. Sans mauvais jeu de mot bien sur....


6 commentaires:

Cyan a dit…

Ah, Eve, qu'est-ce que tu écris bien!! Oui je sais, je radote, mais!

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

sans les fautes de frappes madame ça serait encore mieux!
:p
N'empeche que je suis tout à fait d'accord avec toi, qu'est ce que le temps peut alimenter des conversations avec n'importe qui et n'importe quand!
D'ailleurs qu'est ce qu'il fait moche aujourd'hui, c'est un temps déprimant!
:)

3 Petites Notes de Musique... a dit…

oui vous avez raison, mais j'avais pas encore eu le temps de terminé et comme je sais pas comment enregistrer de brouillon, je publie une fois et édite pour corriger les fautes et finir mon texte.
Et d'ailleurs ça m'énerve j'arrive pas à insrérer la chanson que je veux! grr

3 Petites Notes de Musique... a dit…

de terminER bien sur!

Cyan a dit…

Pour enregistrer en brouillon normalement c'est facile, au lieu de cliquer sur publier, tu cliques sur brouillon juste à côté! Je crois...

Cyan a dit…

Au fait, j'adore la deuxième image: ma mamie et moi, on adore ce genre d'aquarelle, qui souvent illustre des lieux de type parisiens...